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Trop d’information pour travailler correctement ? Faire mieux avec moins !

  • Pascal Frion, Réseau ACRIE
  • 23 déc. 2015
  • 6 min de lecture

Il faut le reconnaître, nous sommes parfois dépassés par l’information qui est présente en grande quantité. Parfois c’est de notre faute car nous sommes mal organisés ou nous utilisons mal les nouvelles technologies. Parfois également, nous ne savons pas dire non à l’information et ainsi, nous le cherchons un peu !

Cette situation complexe vient en partie de notre héritage récent de l’ère « industrielle ». A l’ère industrielle – avant l’ère de l’information – nous avions beaucoup moins d’information qu’aujourd’hui. De fait, nous avions une façon de penser avec « peu » d’information. Il fallait souvent penser « sans » l’information. Cette rareté de l’information nous rendait avides d’information.


Aujourd’hui, nous vivons l’abondance d’information et nous sommes passés d’une tendance à penser « sans » ou « avant » l’information utile, à une tendance à penser « après » l’information disponible.


LES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION NE FERONT PAS TOUT

Bien sûr, nous pouvons utiliser davantage les nouvelles technologies, les logiciels de veille sur internet, des outils et des applications sur nos mobiles et tablettes pour acquérir et organiser l’information, mais les technologies de l’information et de la communication sont largement basées sur le modèle de la recherche à l’identique dit également le matching. Ainsi, à question idiote, réponse… excellente, car l’outil nous donne précisément ce que nous avons demandé. L’outil « ne se trompe pas », c’est nous qui avons largement perdu l’habitude et la finesse de poser des questions pertinentes. En ce sens, il ne nous donne pas tout, il nous donne ce à quoi nous avons déjà pensé ! Le big data nous apportera des opportunités d’une couverture plus large, mais ne nous aidera pas à réfléchir « sans » ou « avant » l’information.



IL NOUS MANQUE AUSSI DES INFORMATIONS ESSENTIELLES

En parallèle, de ces volumes d’information incessants qui nous arrivent, il nous manque encore souvent en 2014 des informations importantes pour nos affaires, nos loisirs et nos projets. L’information disponible est tellement spectaculaire, en termes de quantités, de diversité et de variétés, que nous en sommes subjugués, voire possédés ! Nous ne pouvons pas nous empêcher de penser en termes d’information, d’aller voir l’information disponible, d’analyser l’existant, de survoler les médias sans les lire. Nous risquons d’oublier comment penser « sans » l’information.


EST-CE RENTABLE D’AVOIR D’AUSSI GRANDES QUANTITÉS D’INFORMATION ?

Depuis que nous avons beaucoup plus d’information, gagnons-nous davantage d’argent ? Gagnons-nous du temps à l’aide de cette information supplémentaire ? Comment être davantage performant avec davantage d’information ? Notre passé récent nous montre que la majorité des entreprises ne peut pas prouver que davantage d’information rime avec davantage de rentabilité ! Par contre, au quotidien, nous voyons que davantage d’information nous mobilise davantage : l’information nous prend du temps, même lorsque nous sommes bien organisés pour la traiter et l’analyser. Ainsi, accepter de grandes masses d’information ne serait pas nécessairement rentable ni professionnel. Alors que faire avec l’information disponible, lorsque nous ne savons pas si elle est bonne, si elle est utile, si elle va faire la différence ?


LA DIMENSION HUMAINE EST À REMETTRE EN AVANT

Il y a des personnes qui aiment être entourées de grandes quantités d’information, cela les rassure, faute de mieux, par dépit. Leur peur de manquer ne disparaît pas avec les volumes d’information, elle s’entretient même, voire s’amplifie. Le cercle vicieux du « plus d’information c’est mieux » est souvent un palliatif inutile à une incapacité à prioriser et à se poser les bonnes questions « sans » information.

Ne sachant pas si l’information est une bonne chose, dans le doute, on l’accepte. Or dans le doute, nous pourrions aussi ne pas l’accepter. Aujourd’hui, après des siècles à avoir eu peu d’information, nos comportements de boulimie d’information sont-ils les seuls à envisager ? Ne pourrions-nous pas non plus envisager un régime, une période de jeûne temporaire et parfois même un sevrage plus long ?

Notre surinformation dépend largement de notre approche de l’information, de notre manière de gérer nos doutes, de nous comporter dans l’incertitude, de nos croyances, de notre culture, notamment.

Pourquoi devrions-nous uniquement nous mettre dans le bruit, à analyser l’information disponible en grandes quantités alors que nous pourrions aussi rester dans le silence pour réfléchir d’abord à nos besoins ? Nous ne devons pas agir comme des machines de l’ère industrielle, nous devons aussi envisager de penser autrement à l’ère de la surinformation.


DES PISTES À ENVISAGER

De manière générale, il conviendrait de ne pas se laisser déborder par l’information disponible et parfois la refuser (méthodiquement et temporairement). L’important serait de commencer par identifier différentes approches et d’évaluer notre contexte et les critères d’acceptation de l’information pertinente. Dit autrement, nous devrions analyser davantage la « situation » et moins « l’information ».

Si je gagne davantage d’argent, si mon travail est plus facile, si je travaille moins, à l’aide de l’information disponible en grande quantité, alors j’ai de la chance et je dois jouer à l’information casino. Je provoque, j’accepte ou je tolère l’information disponible en grandes quantités.

Si je perds du temps, si je ne gagne pas davantage, si je souffre de sur-travail, sans être convaincu que l’information soit une bonne chose, alors, je pourrai, soit l’éviter soit la refuser et limiter mes recherches à des besoins précis et assez rares. Dans ce deuxième cas, de manière générale, je résiste à l’information, je développe mon questionnement préalable, j’imagine un avenir possible et j’identifie ce qui me manque pour m’en rapprocher. Dès que mon besoin d’information me fait ressentir une forte volonté, alors je provoquerai des recherches avec des critères précis sur l’information dont j’aurai vraiment besoin. Dans l’intervalle, lorsque je n’ai pas de besoin de développement ou de protection, pas d’information, ou le minimum !


UNE APPROCHE GLOBALE POUR AUJOURD’HUI ET DEMAIN

Ne commençons pas par monter une veille, pour savoir ce qui se passe, pour mettre à jour nos connaissances, cela créerait inévitablement un plus gros volume d’information que d’habitude, du sur-travail, sans savoir si l’information est utile. C’est pas demain la veille ! Parlons de Lendemain plutôt que de Veille ! Est-ce risqué de refuser l’information disponible ? Nous pourrions manquer une information ou passer pour une personne qui n’est pas intéressée par ce qui se passe autour d’elle ?

Doit-on savoir ce qui se passe et ce qui s’est passé pour construire l’avenir ? Si nous avions simplement essayé d’améliorer la bougie ou le cheval, nous n’aurions jamais inventé l’électricité ou l’automobile ! Croire que « l’information n’est pas forcément une bonne chose et de moins en moins, de par la surinformation » semble mieux adapté à notre époque et à notre avenir, que de croire que « tout est intéressant ».

La « Résistance Méthodologique à l’Information de manière Temporaire », a un avantage inestimable sur la surinformation généralisée, car dans le doute sur ce qui convient de faire, ce « Rmi(t) » fait gagner du vrai temps ! Par exemple, on arrête de gaspiller son temps à tourner en rond sur internet, tant qu’on n’a pas une bonne raison et un bon ressenti de le faire.

Commençons par gagner du vrai temps, en nous rapprochant du silence, plutôt qu’en essayant de travailler plus vite à gérer des volumes d’information qui ne sont pas souvent pertinents.

Une fois qu’un silence informationnel permet une réflexion stratégique, alors, une liste de besoins opérationnels est constituée et les informations manquantes sont recherchées, ou co-produites, voire inventées, à dessein, selon les contraintes de la situation. Si notre réflexion aboutit à monter une veille, à vouloir « tout savoir » dans un domaine, il sera temps de s’en remettre à cette approche, dans un deuxième temps.


IL N’Y A PAS QUE L’INFORMATION DANS LE TRAVAIL!

L’information n’est pas la seule variable dans notre vie professionnelle ! Nous devons aussi raisonner en termes d’écoute clients, de rentabilité, d’objectifs, d’envie, de créativité notamment et intégrer nos limites en termes de compétences et de temps.

La vie professionnelle est plus complexe qu’un simple traitement de l’information brute comme si elle était une matière première de l’époque de l’ère industrielle, qu’il faut administrer. L’approche actuelle, centrée sur l’information est « informationnelle ». D’autres approches, « communicationnelles » ou « informatives » existent également.


PAR QUOI COMMENCER?

Commençons par un petit projet, identifions ce qui nous manque pour le mener à bien et en parallèle, refusons temporairement l’information qui n’apporte rien de manière évidente à ce projet. Avec ces petits projets stratégiques, apprenons à nous poser des questions « sans » et « avant » l’information. Au bout d’un an et de plusieurs petits projets stratégiques, il est temps de calculer un retour sur investissement et envisager d’investir dans une veille. Si une veille est largement moins coûteuse en temps, en argent et que la qualité de l’information est bonne, alors, il est temps de monter une veille.


Mais souvent, les recherches ponctuelles et humaines sont plus pertinentes, plus rentables et provoquent un effet d’apprentissage, alors que la veille est trop souvent une surcharge d’information, sans provoquer d’effet d’apprentissage à savoir prioriser ce qui est important.

Les Tpe et les petites entreprises ont des choses à nous montrer dans leur manière de s’informer. Elles ne sont pas des « grandes entreprises en petit ». Elles doivent garder leur agilité, leur capacité à accélérer et ne pas succomber à l’appel incessant d’accumuler des tonnes d’information comme peuvent le faire les grandes entreprises. A chacun son intelligence économique, à chacun sa manière de mieux s’informer, probablement avec moins d’information dans bien des situations.



 
 
 

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